AMOUR : LE RETOUR DES DÉESSES
À l'ombre des châteaux naît un nouvel art d'aimer chanté par les troubadours. La dame soumet désormais ses prétendants, invités à la maîtrise : c'est bien elle qui tire les ficelles du jeu amoureux.
Au Moyen Âge naissent les « arts d'aimer ». C'est une nouvelle expression des liens homme-femme, une redéfinition de la place des femmes dans une société en pleine mutation. Et le Moyen Âge, là encore, réserve des surprises ! Comment ne pas s'étonner face à la vida (la biographie supposée) de Jaufré Rudel (vers 1100-1147), qui fonde « l'amour de loin » ? En entendant vanter les qualités de la comtesse de Tripoli, le poète tombe amoureux d'elle sans l'avoir jamais vue et part à sa recherche en Syrie, où il mourra. La vida de Guillem de Cabestaing (vers 1165) raconte, elle, comment un mari jaloux fait tuer le troubadour et donne à manger son coeur à sa femme adultère. Ces histoires jettent, pour la postérité, les bases d'un art d'aimer où la dame est la maîtresse du destin et où l'amour est un absolu. La dame deviendrait alors le maître du jeu dans une nouvelle éthique amoureuse.