
Notre-Dame de Paris. Un guide conférencier nous écrit
Suite à l’incendie de Notre-Dame de Paris, Jean-Philippe Savignoni, guide-conférencier et conteur du patrimoine, a spontanément laissé sur la page Facebook d’Historia un très beau texte que nous avons décidé de publier ci-dessous.
Visuel : la cathédrale Notre-Dame de Paris avant l'incendie du 15 avril 2019 ©Ghislaine Bras
La cathédrale Notre-Dame de Paris qui brûle, c’est la pyramide de Gizeh qui s’effondrerait sous nos yeux, impuissants, nos corps cloués sur place, contraints d’assister à l’insupportable spectacle : pierre brisée après pierre tombée, poutre incandescente après poutre-charbon, jusqu’au sommet du ciel des hommes avec une flèche périssant dans le grand brasier… inaccessible et impudent devant l’œuvre des hommes comme le sont l’eau, le vent, la terre et le feu. Ce ne sont évidemment que des pierres, ce ne sont que des morceaux de bois, nous ne sommes que des êtres humains mais nous sommes…. Nous sommes cette même chair, cette même pierre, ce même morceau de bois, cette même Histoire. Ce même livre. Cette même pyramide, cette même cathédrale. Dérisoire et extraordinaire.
Se rassembler autour d'une cathédrale à reconstruire
Si tout nous sépare aujourd’hui, il faut bien se rassembler ensemble enfin, autour d’un drame, d’une catastrophe ou d’un rêve, d’un océan à traverser ou à inventer, d’une maladie à vaincre, d’une planète à atteindre, d’un cheval à dompter, d’une cathédrale ou d’une pyramide à construire, homme après homme, pierre après pierre, poutre après poutre… Dérisoire et extraordinaire. Les hommes poussent leur Histoire devant eux et comme dans la mythologie grecque avec le mythe de Sisyphe dont le châtiment consiste à pousser une pierre au sommet d’une montagne, d’où elle finit toujours par retomber, les hommes poussent à nouveau devant eux pierre, drame, catastrophe et aussi leur rêve, leur océan, leur pyramide et leur cathédrale à construire et à reconstruire… face à l’eau, au vent, à la terre et au feu. Nous ne sommes que des êtres humains mais nous sommes….
Jean-Philippe Savignoni