Les méga-feux obscurcissent l’horizon

La catastrophe en Australie ressuscite des souvenirs anciens. A leur façon, les incendies ont cimenté l’histoire.

 

Certes, les méga-feux en Australie sont désormais sous contrôle mais leur souvenir va rester vivace pendant longtemps : non seulement les écosystèmes ressortent bouleversés pour longtemps – plus de 1,2 millions d’animaux ont péri dans les flammes – mais on mesure à quel point le réchauffement climatique est source d’énormes dangers. Aux Antipodes, les températures supérieures à 40° pendant des semaines ont activé sans relâche les foyers. Certains spécialistes pointent l’extinction de la faune la plus importante jamais constatée dans un délai aussi rapproché. Pour trouver un parallèle, ils évoquent l’introduction de la perche du Nil dans les eaux du lac Victoria en Afrique, au cours des années 1950 : plusieurs centaines d’espèces de poissons locales sont victimes d’une prédation hors normes.

Avant l’Australie de 2020, d’autres méga-incendies

Avant les gigantesques incendies en Australie, a-t-on des traces d’événements similaires, qui ravagent des contrées entières ? En 1916, au nord de l’Ontario au Canada, une succession de petits braisiers finissent par ses rassembler puis raser plusieurs villes et leurs alentours. Le temps est très sec mais les facteurs du désastre sont ailleurs : la foudre et surtout les étincelles provoquées par les roues des locomotives seraient les premières en cause. A l’arrivée, 5 000 acres – près de 2 000 hectares – sont réduits en cendres.

Il faut attendre la fin du XXème siècle pour revoir un sinistre d’une telle intensité : en 1988, plus de 600 000 hectares brûlent dans le Parc national de Yellowstone, aux Etats-Unis. Des forêts entières, à cheval sur trois Etats (Wyoming, Idaho, Montana). L’administration Reagan envoie plusieurs ministres sur les lieux. La sécheresse est directement incriminée, de même que l’intensité des vents. L’un des foyers progresse un jour de plus de 15 kilomètres. En tout, plus de 120 millions de dollars sont dépensés pour venir à bout des flammes.   

Le récit de la destruction de Troie

La catastrophe de Yellowstone est aussi à l’origine de polémiques :  a-t-on pris assez-tôt la mesure de son ampleur ? S’est-on attaqué aux brasiers au bon moment, et aux bons endroits ? A-t-on cru que les incendies pourraient remplir quelques bons offices ? Depuis longtemps, travaux scientifiques à l’appui, le feu est présenté comme un moyen naturel au service de la régénération des espèces boisées. Sous certaines conditions bien sûr, et sans que l’homme soit nécessairement la puissance déclenchante.

Sur l’existence d’incendies gigantesques pendant la Préhistoire, rien n’est identifié avec précision. Plus tard, on découvrira sous la plume d’Homère dans L’Iliade le récit de la destruction de Troie. Au XIXème siècle, les fouilles archéologiques menées sur le site concluent à plusieurs incendies successifs, certains ayant pu être provoqués par des tremblements de terre.  Autre brasier «mythique», celui de Rome en 64. L’Histoire rapporte que Néron en serait directement responsable, l’empereur ayant accusé les Chrétiens de l’avoir provoqué.

La maîtrise du feu date d’environ 500 000 ans, attestée en particulier par la présence de restes humains carbonisés en Chine. En Europe, à cette même période, de véritables âtres sont installés. Les aliments mais aussi les objets et les matériaux pour la construction des habitations commencent à être cuits par la chaleur. Mais le feu n’est pas toujours l’ami de l’homme.

Frédéric de Monicault

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