Les diamants sont éternels

Le Sewelo est une pierre hors du commun. Histoire d’un commerce rare et précieux.

Visuel : ©Stéphane de Sakutin/AFP

Un caillou comme celui-là, on n’en trouve pas tous les jours. Et puis surtout, peu de bourses peuvent se les offrir. Au début de l’année, le groupe de luxe LVMH a annoncé l’acquisition d’une pierre hors du commun, le Sewelo, un diamant de 1 758 carats exhumé au printemps 2019 dans une mine du Bostwana. Cette pièce est tout simplement le deuxième plus gros diamant au monde, après le Cullinan découvert en 1905. Pour prendre la mesure de cette pierre brute, il suffit de savoir que 1 758 carats, c’est la grosseur d’une balle de tennis. Pour connaître la pureté et l’éclat exacts du Sewelo, on patientera encore un peu, le temps qu’il passe entre les mains des joailliers.

Les diamants. Une longue histoire

En attendant, on rappellera que l’histoire des diamants est presque aussi ancienne que l’histoire de l’humanité. Sous l’Antiquité, parmi les voix célèbres qui s’émerveillent, il y a celle de Pline l’Ancien, dit aussi Pline le naturaliste : «Le diamant est la plus précieuse, non seulement des pierres précieuses, mais de toutes les choses de ce monde», écrit celui qui fut aussi bien un brillant scientifique qu’un chef militaire reconnu. Avant lui, les Grecs ne sont pas en reste : au regard de cette civilisation, les diamants sont tout simplement les larmes des divinités, voire des éclats d’étoiles tombés de la voûte céleste. Les linguistes ne manqueront pas de rappeler qu’une racine grecque se trouve dans le mot diamant : «adamas» (NDLR : qui précède «diamas») signifie invincible.

Toutefois, bien avant la Grèce et l’empire romain, les Indes sont la patrie originelle du diamant : les dates divergent au sujet de l’utilisation des premières pierres mais il faut remonter plus de 3 000 ans en arrière. A l’époque, les diamants trouvés dans les rivières sont des outils – en raison de leur dureté – et ils décorent parfois les objets religieux. Bien évidemment, on leur confère des propriétés magiques, comme celles de chasser les esprits malins ou de parer les coups des ennemis.  

Les Indes, le Brésil, l'Afrique, terres de diamants

Les Indes sont d’autant plus incontournables que pendant des siècles, on ne trouve nulle part ailleurs ce type de pierres. C’est seulement à partir du XVIIIème avec le Brésil et au XIXème avec l’Afrique que deux autres grands territoires deviennent ultra-prisés pour leurs diamants. La route commerciale qui reliait jusqu’à 1700 l’Inde à l’Europe – direction les grands marchés de l’Italie, Venise et les autres - n’est plus la seule. Au début, seuls les gens très fortunés peuvent s’offrir des diamants. Au fur et à mesure que les approvisionnements se diversifient, les petites pierres deviennent plus accessibles. Le diamant n’est plus seulement un bijou, il devient un accessoire de mode.

Les frères De Beers

D’une époque à l’autre, c’est à qui trouvera la plus grosse pierre. Le fameux Cullinan, cité plus haut, vient de la mine Premier, à proximité de Pretoria. Dès la fin du XIXème siècle, la production de l’Afrique du sud monte en puissance. La mine fameuse de Kimberley est découverte en 1871, sur la ferme des frères De Beers. Ce patronyme va devenir célèbre dans l’histoire de l’industrie du diamant. A l’orée du XXème siècle, la firme mondiale contrôle pas moins de 90% de la production mondiale de diamants bruts. De Beers d’un côté, l’Afrique du sud de l’autre, le secteur trouve alors deux puissantes matrices : elles le sont toujours même si les richesses sont aujourd’hui plus disséminées.    
Frédéric de Monicault

Newsletter subscription form block

Inscrivez-vous à notre newsletter