Les déchets nucléaires, des scénarios mais pas encore de solution

Cela fait plus de cinquante ans que les pouvoirs publics réfléchissent aux meilleures solutions pour entreposer les matières radioactives. Aujourd’hui, un grand débat national est lancé. 

C’est une grande première en France. Lancée cette semaine, une consultation publique va accompagner la rédaction du Plan national des matières et déchets radioactifs (PNGMDR), le cinquième du nom qui court cette fois sur la période 2019-2021 mais qui vise aussi à préparer un futur plus lointain. Autrement dit, les Français vont pouvoir être associés à cette problématique majeure de la gestion des déchets nucléaires, avec dans la ligne de mire le projet d’utilisation du site d’enfouissement de Bure (Meuse) – qui rencontre l’opposition de nombreuses associations environnementales.

L’histoire des déchets nucléaires en France débute au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, après que le pays a entamé un vaste programme industriel, couvrant à la fois le nucléaire civil (pour la production d’électricité) et le nucléaire militaire. En 1945, sous l’impulsion du général de Gaulle, la création du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) dote la France d’un organisme de recherche transversal. S’agissant des déchets radioactifs proprement dits, le débat devient plus aigu à compter des années 1960, quand le nucléaire devient peu à peu incontournable : l’ensemble des pays concernés prennent alors conscience qu’il va falloir trouver des solutions pour retraiter et/ou entreposer les combustibles usés.

Dès cette époque, les pouvoirs publics poussent loin leurs réflexions : peut-on par exemple envoyer les déchets dans l’espace ? Ou faut-il les envoyer par le fond ?  Ces différentes options ont été mises sur la table au cours des années 1950 par l’Académie des sciences aux Etats-Unis et elles donnent lieu peu à peu à des scénarios opérationnels. Quoi qu’il en soit, le choix du stockage géologique profond s’impose comme la référence.

Des milliers de tonnes de déchets radioactifs immergés dès 1967

Finalement des milliers de tonnes seront immergés dans l’océan Atlantique. Avec d’abord le choix de la Galice (Espagne) en 1967 : la France mais aussi le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas déposent plus de 35 000 fûts à près de 5 000 mètres de fond. Puis l’ouest de la Bretagne en 1969 : toutes ces opérations se font sous le contrôle de l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN) de l’OCDE.  Cette même année 1969 est inauguré le Centre de la Manche (à La Hague) pour stocker des déchets de faible et moyenne activité. A noter que la France coulera aussi des déchets à proximité de l’atoll de Mururoa, dans le Pacifique, où une campagne d’essais pour le nucléaire militaire a été entreprise.  

En 1979, nouvelle étape majeure avec la création de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), dans le sillage de l’accélération du programme nucléaire qui culmine avec l’implantation de 19 centrales dans l’Hexagone pour un parc de 58 réacteurs. Quarante ans plus tard, l’Andra est toujours là  et elle jouera un rôle majeur dans le cadre du grand débat qui s’annonce.
Frédéric de Monicault

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