Les Champs-Elysées. Une longue histoire

La plus célèbre avenue du monde est aujourd’hui déserte. Coronavirus ou pas, des architectes se demandent comment la réaménager.  Depuis 350 ans, l’artère fait partie du paysage.

Visuel via Wikimedia Commons :Avenue des Champs-Élysées vue du haut de l'Arc de Triomphe, lithographie (?) de Félix Benoist (1818-1896). Les bâtiments de la barrière de l'Étoile sont détruits en 1859. Source : les Champs-Élysées vus par les peintres/h6>

Quel avenir pour les Champs-Elysées ? La question peut sembler incongrue en pleine pandémie de coronavirus – qui vide l’axe de ses promeneurs et de son excitation habituelle - mais elle ne l’est pas. Voici longtemps, bien avant le Covid-19, que la plus célèbre avenue du monde a perdu de son éclat et surtout de sa convivialité. A preuve, selon les dernières études (pré-pandémie), ils ne seraient plus que 5% de Parisiens à l’emprunter régulièrement. Trop de bureaux, trop de magasins, trop de trafic : quelques-unes des caractéristiques de l’artères sont considérées comme de sérieux handicaps, surtout à l’heure de la transition écologique. Conscient de la situation, le comité Champs-Elysées, qui réunit les acteurs économiques de l’avenue, a confié à l’architecte Philippe Chiambaretta la mission de réfléchir à de futurs aménagements. Son étude fait actuellement l’objet d’une exposition au Pavillon de l’Arsenal, dans le IVème arrondissement, jusqu’au début du mois de mai. Hélas, on ne peut pas la visiter actuellement.

Le Nôtre, le célèbre jardinier de Louis XIV, se retournerait-il dans sa tombe s’il voyait ce que sont devenus les Champs-Elysées. C’est lui qui a imaginé cette perspective. A l’époque, en 1670, le roi veut dégager l’axe entre les Tuileries et Versailles. La tâche n’est pas mince car la zone est marécageuse, avec quelques cultures de ci de là. Mais Le Nôtre trace peu à peu une voie, d’abord bercée par les arbres et des pelouses avant d’être complétée par des artères adjacentes : les futures avenues Montaigne et Matignon par exemple émergent au XVIIIème siècle. Le premier tronçon, qui va de la future place de la Concorde à l’actuel rond-point, recevra des dénominations successives : Grand Cour, Grande Allée du Roule, avenue de la Grille Royale… Les Champs-Elysées deviennent définitivement les Champs-Elysées à partir de 1709.

Vers 1830, des acfés, restaurants et salles de spectacle s'installent sur les Champs

Pour autant, il faut attendre plus d’un siècle avant que l’avenue s’ouvre un peu chaleureusement au public. Vers 1830, des cafés, des restaurants, des salles de spectacles s’implantent progressivement, éclairés par des candélabres au gaz. L’irruption de la lumière artificielle marque un tournant : tout au long du XVIIIème siècle, les Champs-Elysées pâtissent de recoins obscurs. Pendant la journée, l’endroit n’est guère plus aguichant car souvent mal famé. En outre, des odeurs remontent de la Seine. Le Grand Egout, qui court approximativement de l’actuel pont d’Austerlitz à l’emplacement du pont de l’Alma ne sera pas recouvert avant les années 1780.

En marge de ces aménagements successifs, les Champs-Elysées sont associés à tous les grands événements de l’histoire nationale. Récemment, on se souvient de 1998 avec la célébration de la victoire de l’équipe de France lors de la Coupe du monde de football – organisée dans l’Hexagone. A ce moment-là, les observateurs rappellent qu’une telle foule (NDLR : plus d’un million de personnes) ne s’était pas déplacée depuis la Libération et la descente de l’avenue par le général de Gaulle, le 26 août 1944.

Sous la Révolution, le 5 octobre 1789, ce sont déjà les Champs-Elysées qui sont empruntées par des milliers de femmes :  elles se rendent à Versailles pour demander du pain au roi. Le même Louis XVI, après l’échec de la fuite à Varennes, est ramené à Paris le 25 juin 1791 : à son tour, il passe par la célèbre avenue, sous bonne escorte. Sur des pancartes et des affiches, à son passage, on peut lire la chose suivante : «Celui qui applaudira le roi sera bâtonné, celui qui l’insultera sera pendu.» 
Frédéric de Monicault

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