Le Vatican ne veut plus du culte du secret

Le Pape a décidé de rebaptiser en Archives apostoliques les anciennes Archives secrètes. Un vrai acte politique.

Photo ©Archives du Vatican

Ce n’est qu’un changement sémantique mais il veut dire beaucoup de choses. Cet automne, dans le cadre d’un motu proprio (NDRL : un acte législatif promulgué par le souverain pontife), le Pape François a décidé de changer la dénomination des «Archives secrètes du Vatican». Place aux «Archives apostoliques du Vatican», selon la nouvelle terminologie voulue par François. Celui-ci justifie son choix : à ses yeux, le qualificatif «secret» renvoie à quelque chose de «mal compris, teinté de nuances ambiguës, voire négatives». Difficile de lui donner tort, d’autant que François entend placer son pontificat sous le signe de la transparence : cela concerne notamment les abus sexuels commis par les prêtres, un dossier dans lequel le pape réclame haut et fort «transparence, sincérité et solidarité». Cela concerne aussi le domaine financier puisque le chef de l’Eglise catholique s’est prononcé en faveur d’un audit de la Banque du Vatican.

La dénomination Archivum Secretum remonte au milieu du XVIIème siècle

S’agissant des archives, les spécialistes de la sémantique vaticane pourront dire qu’il s’agit d’un retour aux sources. La dénomination Archivum Secretum remonte au milieu du XVIIème siècle environ. Avant cela, on parlait déjà d’Archivum Apostolicum, et précédemment encore d’Archivum Novum. Sur le plan officiel,  la création des archives vaticanes s’enracine au début du XVIIème, vers 1610-1612, sous l’impulsion du pape Paul V. Mais en réalité des notes et des écrits confidentiels ont toujours circulé sous les différents pontificats : ils sont réunis dans un premier temps au sein de la Bibliotheca secreta del Romano Pontefice, qui fournira la base des archives secrètes.

Les Archives du Vatican : 80 kilomètres de rayonnage

Bien sûr, sur les 80 kilomètres de rayons qui accueillent ces documents dans les entrailles du Vatican, tous ne présentent pas le même intérêt. Selon les spécialistes, plus d’un million de papiers couvrent plus de mille ans d’histoire de l’Eglise et de ses sommités – étant entendu que les premières archives conservées remontent au VIIIème-IXème siècle. Cette densité impressionne mais moins que l’avalanche des écrits, c’est leur divulgation qui compte. En l’occurrence, le fonctionnement du Vatican ne diffère pas beaucoup de celui des Etats : les documents sont consultables à compter d’un certain délai après les événements, avec l’aval bien entendu du Saint-Père. La prochaine ouverture des archives est prévue au printemps 2020 : elle concerne les pièces relatives au pontificat de Pie XII (1939-1958), une période ô combien sensible car les historiens s’affrontent sur la façon dont la papauté s’est insurgé, ou non, contre les déportations des juifs par les nazis. Certains rappellent les grandes précautions diplomatiques du Vatican, d’autres au contraire soulignent que Pie XII a caché de très nombreuses personnes à Rome.    

Cette plongée dans l’histoire récente n’empêche pas que les archives les plus anciennes continuent de cristalliser les attentions. Grâce en particulier à la restauration des manuscrits rares et autres parchemins – comme ceux qui entérinent la disparition des Templiers à l’issue du procès de l’Ordre entre 1307 et 1312.

Frédéric de Monicault

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