Le tennis, c’est historique et politique

Roland-Garros démarre cette semaine. L’occasion de rappeler que la petite balle jaune rebondit aussi avec l’Histoire.

Visuel : le jeu de tennis, jardin du Luxembourg, 6ème arrondissement, Paris ; Séeberger Frères , Photographe ; 8-1905 ; Tirage au gélatino-bromure d’argent, Musée Carnavalet, Histoire de Paris, PH38957, CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet.

Drôle de rentrée pour le tennis professionnel. En septembre, deux tournois du Grand chelem s’enchaînent quasiment coup sur coup : l’US Open à New York et Roland-Garros à Paris, qui démarre en fin de semaine. Cette proximité est due à la pandémie de coronavirus : généralement, les Internationaux de France se déroulent au printemps mais ils ont été reportés au début de l’automne. Mesures de protection obligent, les tribunes de la Porte d’Auteuil seront moins remplies qu’à l’accoutumée. Raison de plus pour rappeler que, parfois, le tennis dépasse les échanges de balles au-dessus d’un filet : comme la plupart des autres disciplines, il se plonge dans l’Histoire.

Le président américain Theodore Roosevelt adore le tennis

Ce poids du passé s’explique d’abord par le profil de certains amateurs. Sait-on par exemple qu’il existe un court à la Maison Blanche : le terrain a été construit en 1902, à l’initiative de Theodore Roosevelt. L’intéressé adore le tennis, au point qu’on parle de « tennis cabinet » pour qualifier une partie de son entourage :  en effet, quelques-uns des membres du staff croisent la raquette avec le vingt-sixième président des Etats-Unis (entre 1901 et 1909). Il arrive aussi à Theodore Roosevelt de disputer un set avec ses adversaires politiques : le bruit court alors qu’une bonne partie de tennis est bien plus efficace pour dénouer un dossier que de longs rounds de négociations.
Après Théodore Roosevelt, le goût pour le tennis à la Maison Blanche est surtout partagé par les premières dames. C’est le cas de Jackie Kennedy. Une photo est restée célèbre : en 1953, Jackie s’appelle encore Jacqueline Lee Bouvier quand, fiancée à JFK – alors sénateur du Massachusetts -, ils posent tous les deux de part et d’autre d’un filet de tennis. Plus récemment, Michelle Obama est une autre amatrice éclairée, qui parle régulièrement de sa passion pour la petite balle jaune. D’ailleurs, dans le cadre du programme anti-obésité qu’elle anime, elle a obtenu le soutien de plusieurs grands tennismen.

Des échanges de balles pouvant être meurtriers

Et la France alors ? Quel est le dirigeant est le plus accroc au tennis ? De l’avis général, Jacques Chaban-Delmas (1915-2000) bat tout le monde. A preuve, celui qui exerça de hautes responsabilités (maire de Bordeaux, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale…) a participé au tournoi vétérans de Roland-Garros. L’image d’un passionné de sport a toujours accompagné « Chaban ». D’ailleurs, cela ne lui vaut pas que des éloges. Quand il est à Matignon et Pompidou à l’Elysée, le président de la République lui reproche de ne pas assez travailler ses dossiers.
Le plus souvent, les échanges de balles se déroulent dans un climat pacifique mais l’histoire du tennis comporte aussi des épisodes au climat un brin irrespirable. Comme en octobre 1972 à Bucarest à l’occasion de la finale de la Coupe Davis entre la Roumanie et les Etats-Unis. Un mois plus tôt, les Jeux Olympiques à Munich ont été le théâtre d’un attentat contre la délégation israélienne – onze de ses membres ont été assassinés -, mené par le commando palestinien Septembre noir. A Bucarest, la menace d’une nouvelle attaque plane après que les terroristes ont pointé la présence de deux joueurs juifs dans l’équipe américaine. Le Swat, une unité d’élite de la police américaine, a fait le déplacement et veille en permanence sur ses concitoyens, dans un hôtel dont l’un des étages a été entièrement privatisé. Finalement, il n’y aura pas d’attaque à déplorer mais dès la dernière balle jouée, la délégation américaine est immédiatement rapatriée, ne prenant même pas le temps de fêter sa victoire.  
Frédéric de Monicault

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