Le scoutisme fait des émules

Les camps vont se multiplier cet été. Les années passent, les scouts restent tendance.

Visuel : Les scouts au bois de Vincennes ©Keystone France

L’été, la saison des camps scouts. Ce sont donc des milliers de jeunes gens et de jeunes filles qui s’apprêtent à vivre au cœur de la nature, avec un idéal qui perdure. Car même s’il existe une variété de mouvements (Scouts de France, Scouts d’Europe, Scouts unitaires de France…), il existe un socle de valeurs communes. Celles-ci ont été forgées il y a plus d’un siècle, sous l’impulsion d’un militaire britannique, le général Robert Baden-Powell : au sein de l’armée coloniale, il s’illustre sous de nombreuses contrées avant de distinguer encore davantage en Afrique du sud, lors de la guerre des Boers (1880-1881). Il sauve alors la ville de Mafeking, avec l’aide de jeunes gens qui assurent des missions de courrier ou de reconnaissance.

Baden-Powell écrit aussi, un ouvrage didactique Aids to scouting (Instructions aux éclaireurs) dont les enseignements sont exploités par les éducateurs implantés dans les quartiers défavorisés. Le même Baden-Powell, qui n’imaginait pas cette audience pour ces préceptes, se met alors à imaginer un concept à grande échelle : le premier test a lieu en juillet 1907 sur l’île de Brownsea, au sud de l’embouchure de la Tamise, où une vingtaine de jeunes Londoniens sont rassemblés. Une expérience concluante – avec campement, jeu de piste, étude des animaux… - qui en appellera d’autres : les bases du scoutisme sont établies, elles seront définitivement fixées en 1922 avec l’organisation à la Sorbonne d’un congrès international qui met sur les rails l’Organisation mondiale du mouvement scout. Baden-Powell est toujours là, les ravages de la Première guerre mondiale sont un encouragement supplémentaire à fédérer des mouvements de jeunes dans un climat de partage.

Le régime de Vichy récupère momentanément le scoutisme français

En France, la situation est un peu différente au sens où la confrontation entre laïcisme et religieux fait que scoutisme progresse de manière éclatée. Avec la création coup sur coup d’une série d’associations : Eclaireurs Français (1911), Scouts de France (1920), Eclaireurs israélites de France (1923), Guides de France (1923)… Chacune progresse de son côté, mais Vichy va marquer un net coup d’arrêt, quand le régime cherche à faire du scoutisme un instrument politique pour enrôler la jeunesse. Le Scoutisme Français devient un mouvement agréé avant qu’il ne prenne peu à peu ses distances avec le régime. En 1940, les Eclaireurs français de Grande-Bretagne ont été fondés, avec le général de Gaulle comme président d’honneur.

L’après-guerre correspond au retour d’une volonté d’échanges. Le nombre de mouvements s’élargit encore mais ils entretiennent de réels liens pédagogiques. Le fait que le scoutisme quitte l’arène politique ne signifie pas qu’il abandonne sa dimension sociale, bien au contraire. Pour certaines associations, leurs activités sont ciblées en priorité vers la jeunesse défavorisée. L’expérience montre qu’il n’y a pas une seule voie scoute mais plusieurs manières de faire du scoutisme. En 1991, la création des Scouts musulmans de France est une étape importante sur ce chemin d’une démarche dynamique au service de la jeunesse.

Frédéric de Monicault

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