
Le sapin, roi de Noël
Les arbres décorés ont envahi les foyers français. Une tradition qui remonte plus loin que le christianisme.
Visuel Pixabay
Combien de sapins de Noël vont venir décorer les intérieurs des Français ? Si l’on se réfère aux statistiques, ce sont en moyenne six millions d’unités qui sont vendus chaque année dans l’Hexagone, dont 5 millions de sapins naturels et un million de sapins artificiels. Depuis quelques hivers déjà, les théories s’affrontent autour de l’empreinte écologique du conifère. Certains avertissent des risques de déforestation et militent pour le sapin artificiel - à condition de le garder pendant plusieurs années. En face, d’autres rappellent que le plastique est issu du pétrole et qu’il faut vingt ans pour que le bilan carbone du sapin artificiel s’équilibre avec celui du sapin naturel.
En attendant, le sapin est bel et bien devenu l’emblème de Noël. Comme beaucoup d’éléments liés aux célébrations de la fin de l’année, c’est le résultat d’un subtil mélange entre les religions païennes et le christianisme. Rappelons que la religion chrétienne veut imposer Noël pour contrebalancer les autres cultes qui fêtent à ce moment-là l’arrivée du solstice d’hiver. Dans l’empire romain, on honore la divinité Sol Invictus («Soleil invaincu» ou «Soleil «triomphant») le 25 décembre. Juste avant, on glorifie Saturne : la semaine des Saturnales est prétexte à échanger des cadeaux tandis que les maisons sont décorées avec des branches de sapin.
Le culte des arbres remonte à l’Antiquité
Le culte des arbres est quelque chose de bien établi, à la fois sous l’Antiquité et jusqu’aux premiers contreforts du Moyen Age. Selon certains récits, le lien entre la foi chrétienne et le sapin est dû à Saint Colomban, un moine irlandais habitué à sillonner la Gaule. A la fin du VIème siècle, arrivé au pied des Vosges, il aurait dessiné une croix sur un épicéa, en accrochant des lanternes aux branches.
En France, la cour découvre le sapin de Noël grâce à la duchesse d’Orléans et belle-fille du roi Louis-Philippe, Hélène de Mecklembourg-Schwerin, d’ascendance allemande. Nous sommes en 1837 mais il faut encore attendre quelques décennies avant de voir le pays s’emparer de la coutume. Au regard des historiens, les Alsaciens, après la vague d’immigration qui résulte de la guerre de 1870, seraient pour beaucoup dans la généralisation du sapin de Noël. La région dispose de repères originels pour cela : ainsi la ville de Sélestat dans le Bas-Rhin rappelle avec fierté que l’un de ses registres, datant de 1521, évoque explicitement «l’Arbre de Noël». Certes, il s’agit de la première mention écrite mais la réalité est plus prosaïque : il s’agirait de l’autorisation d’aller couper du bois en forêt pendant cette période de fêtes.
Outre-Manche, la cour bénéficie également de l’influence allemande puisque c’est le mari de la reine Victoria, le prince Albert de Saxe-Cobourg Gotha, qui contribue à la popularité du sapin de Noël. Depuis ce moment-là, les gazettes qui suivent la famille royale ne manquent jamais de l’immortaliser au pied du sapin. Et cela dure encore aujourd’hui.
Frédéric de Monicault