
Le célibat des prêtres n’est plus un sujet tabou
Les ecclésiastiques ont-ils le droit à une vie privée ?
L’histoire est loin d’être linéaire. Pas à pas, l’Eglise catholique avance sur des dossiers sensibles. Ce mois-ci, la Conférence des évêques de France a organisé une réunion, encore inenvisageable voici quelques mois, avec des enfants de prêtres. Parallèlement, à l’occasion du prochain synode sur l’Amazonie – organisé cet automne au Vatican -, le principe de l’ordination d’hommes mariés dans certaines contrées éloignées sera examiné. Ces réflexions évoluent lentement mais elles témoignent qu’il y de moins en moins de sujets tabous au sein de l’Eglise. A commencer par le célibat des prêtres, cette question sous-jacente à l’ensemble des dossiers.
Des prêtres célibataires depuis le XIe siècle
Cette règle du célibat des ecclésiastiques est enracinée depuis le XIème siècle. C’est le pape Grégoire VII qui impose cette décision en 1074. Ses propos sont explicites : «Les prêtres doivent tout d’abord s’échapper des griffes de leurs femmes.» Ce qui signifie donc que les prêtres n’ont pas toujours été célibataires : effectivement, ils peuvent être mariés jusqu’au XIème siècle, à ceci près qu’ils sont fortement incités à ne pas avoir de relations intimes avec leur femme. A quoi tient cette règle non écrite : l’Eglise considère qu’un homme se consacre d’autant mieux à son ministère qu’il n’entretient pas cette proximité avec sa femme. Dans les faits, cette conduite est plus ou moins respectée, y compris chez les dignitaires de l’Eglise. A l’arrivée, la ligne de Grégoire VII permet de tracer un cap.
La question du célibat des prêtres revient sur le devant de la scène au moment de la Réforme
Mais quand l’institution se divise, la question du célibat des prêtres revient avec force. Pour la réforme protestante, baptisée «La Réforme», qui grandit au XVIème siècle, il n’y a pas d’alternative : ses inspirateurs soutiennent fermement que le célibat va à l’encontre de l’ordre des choses et que partant de là, il contribue directement aux mauvaises mœurs au sein de l’Eglise. En revanche, les catholiques ne bougent pas d’un iota : le Concile de Trente (1563) entérine une nouvelle fois le principe du célibat, qui ne sera plus jamais remis en question, y compris sous Vatican II (1962-1965), le concile qui symbolise l’ouverture de l’Eglise au monde moderne.
Les Eglises orientales en revanche ne suivent plus l’Eglise catholique depuis longtemps : cela fait plusieurs siècles que des hommes mariés peuvent être ordonnés. En revanche, si un prêtre est célibataire, il ne peut plus se marier. Quant aux évêques, ils sont choisis par des prêtres célibataires. Cela ne signifie pas qu’il y ait une barrière entre les prêtres mariés et ceux qui ne sont le pas : ils ont sans doute une manière différente d’exercer leurs fonctions et chacune est reconnue à sa juste valeur.
Frédéric de Monicault