
La petite reine. 200 ans et en pleine forme
La bicyclette fait un retour en force grâce au coronavirus. Son ancêtre est née il y a plus de deux cent ans.
Visuel Wikimedia Commons : évolution de la bicyclette, du XIXe siècle à nos jours. Auteur Al2
Voici encore quelques mois, jamais les marchands et réparateurs de bicyclettes n’auraient imaginé un tel engouement : les voilà littéralement pris d’assaut, après que la crise sanitaire a encouragé des milliers de Français à se déplacer en vélo. Dans certains magasins, pour une simple crevaison, il faut prendre rendez-vous plusieurs jours à l’avance. Les pouvoirs publics ne sont pas pour rien dans cette dynamique : ils ont décidé le versement une prime « réparation vélo », d’un montant de cinquante euros ; un coup de pouce inédit qui s’inscrit dans le cadre d’un plan de soutien à hauteur de 20 millions d’euros.
Question : quand on enfourche sa bicyclette, sait-on que les origines de ce moyen de locomotion remontent plus de 200 ans en arrière, en 1817. C’est un baron allemand, Karl Drais, qui conçoit l’engin au départ ; deux roues reliées par un cadre en bois sur laquelle on s’assied à califourchon pour avancer avec ses pieds. D’où le nom de Laufmaschine, littéralement machine à courir. La « draisienne », l’ancêtre de la bicyclette, est née : un assemblage sommaire peut-être mais une bonne base de travail. Un an plus tard, elle est brevetée en France – avec une démonstration dans les jardins du Luxembourg - sous le nom de vélocipède. Là encore, les mots ont un sens : vélo renvoie à la vélocité et pède, d’origine latine, au pied.
La draisienne pèse une quarantaine de kilos
Au début, la draisienne séduit les amateurs mais son poids - une quarantaine de kilos – et son utilisation exclusivement masculine constituent de sérieux handicaps. Toutefois les avancées techniques s’enchaînent peu à peu : apparition des pédales en 1839, leur action sur les deux roues en 1861, systématisation des cadres en acier en 1877… A noter que le premier vrai pédalier est une invention française : le forgeron Pierre Michaux, né à Bar-le-Duc en 1813 mais installé à Paris, travaille en famille ; grâce à lui, le cycliste juché sur sa machine peut garder l’équilibre en avançant par sa propre force. La Maison Michaux est créée en 1865 : elle produit 400 vélocipèdes cette année-là, contre deux prototypes quatre ans auparavant.
Cette fois, il ne s’agit plus de couvrir des micro-distances : la route de Pierre Michaux croise celle des deux frères René et Aimé Olivier, deux passionnés du vélocipède et de ses progrès ; tous les trois, ils entreprennent un grand voyage entre Paris et Avignon : 800 kilomètres couverts rien qu’à bicyclette, en plusieurs étapes. Pour le sport, il faut encore attendre un peu : en 1896, le cyclisme est promu sport olympique, quatre avant l’émergence de l’Union cycliste internationale (UIC), tandis que le premier Tour de France est disputé en 1903.
L’Hirondelle fait son apparition au début du XXe siècle
A l’orée du XXème siècle, on peut donc dire que la bicyclette moderne est sur les rails : elle porte un nom, l’Hirondelle, une machine qui se distingue par ses deux roues de même taille, son système de transmission par chaîne et ses deux pneus – démontables – gonflés à l’air. Le vélo n’est pas un moyen de locomotion anodin : à preuve, les policiers peuvent se déplacer plus vite. Avec leur pèlerine qui flotte au vent quand ils pédalent, les pandores gagnent leur surnom d’hirondelles.
Beaucoup plus tard, la France entière prend l’habitude au mois de juillet d’avoir les yeux rivés sur les « forçats de la route ». Cet autre surnom désigne les coureurs du Tour de France. Cette année, en raison de la pandémie, la compétition démarrera seulement fin août : en attendant, on se souviendra que soixante coursiers ont pris le départ de l’édition inaugurale, pour parcourir 2 428 kilomètres (en six étapes). Dans quelques semaines, ils seront près de 180 à partir à l’assaut d’une grande boucle de 3 470 kilomètres.
Frédéric de Monicault