La bataille de Paris, une histoire récente

Les candidats sont légion pour devenir maire de la capitale. Un poste qui est resté vacant plus d’un siècle.

 

Illustration : Wikimedia Commons Bluebear2Derived work from , by user:SanchoPanzaXXI

Qui sera le prochain maire de Paris ? A un an des élections municipales, la bataille s’annonce en tout cas acharnée : Anne Hidalgo devrait postuler à sa reconduction mais elle devra affronter un solide peloton d’ambitieux, dont notamment Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement qui vient de quitter ses fonctions pour descendre dans l’arène. Avant cette échéance du printemps 2020, a-t-on déjà vu lutte plus indécise pour la conquête de l’Hôtel-de-Ville. En 1977, le vainqueur Jacques Chirac, alors que la droite est pouvoir à l’échelle nationale, n’est pas le candidat de l’Elysée. Valéry Giscard d’Estaing préfère soutenir Michel d’Ornano, sans succès. Jacques Chirac inaugure un long règne dans la capitale, seulement interrompu par son élection à la présidence de la République en 1995 qui l’oblige à démissionner. Son successeur, Jean Tibéri, est son fidèle adjoint depuis des années.

Bertrand Delanoë, premier maire socialiste de Paris

En 2001, Bertrand Delanoë peut se targuer d’être le premier maire socialiste de Paris. Il surfe sur la division de la droite et inaugure à son tour un double mandat. Par deux fois, il pilote la candidature de la capitale à l’organisation des Jeux Olympiques mais c’est un double échec. Finalement, Paris est choisie en 2018 pour accueillir les J0 de 2024 : celui ou celle qui triomphera l’année prochaine sera donc en pole position pour organiser cette manifestation.

Les maires de Paris dans l'Histoire

Il peut sembler surprenant de faire remonter les grandes joutes pour la Mairie de Paris à une époque aussi récente mais la fonction (moderne) du premier des Parisiens emprunte d’abord à l’histoire immédiate. En effet, de 1871 à 1977, la ville est tout simplement dirigée par l’Etat avec, au second plan, la présence d’une équipe municipale dont le président est élu chaque année. Auparavant, le premier des maires de Paris fut Jean Sylvain Bailly, un scientifique réputé qui participe à la rédaction du cahier de doléances du Tiers état de Paris. Elu député puis président de l’Assemblée nationale au printemps 1789, il est désigné maire de Paris le 15 juillet, après l’assassinat de Jacques de Flesselles. Il conserve ses fonctions deux ans, pendant lesquels ses opinions jugées trop conservatrices lui valent d’être régulièrement attaqué. Desmoulins et Marat en particulier ne lui laissent pas de répit. Arrêté en 1792, il sera guillotiné. Son prédécesseur, Flesselles, fut le dernier des prévôts des marchands. La prévôté des marchands, créée sous Philippe Auguste, est tout simplement l’institution qui dirige Paris pendant plusieurs siècles. Ses missions sont variées, à commencer par la gestion des entrées et sorties dans la ville et ses circuits d’approvisionnement. Etienne Boileau, nommé en 1261 par Louis IX, est peut-être le plus célèbre prévôt de Paris : sous sa gouverne, la sécurité s’améliore, l’impôt rentre et la corruption s’amenuise. Et pour cause, avant Boileau, la prévôté est une fonction qui s’achète. Autrement dit, Paris ploie sous le rôle des puissants avant qu’une administration plus soucieuse des règles ne commence à se mettre en place à la fin du XIIIème siècle.
Frédéric de Monicault

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