Béatification du père Hamel et histoire millénaire des canonisations
Le procès de béatification du père Hamel va être examiné par le Vatican. L’Eglise et ses saints, un parcours désormais bien codifié.
Visuel : la façade de l'église Saint-Étienne de Saint-Étienne-du-Rouvray ©Wikimedia Commons
Combien de temps prendra la béatification du père Hamel, assassiné par des terroristes à l’été 2016 dans son église Saint-Etienne de Saint-Etienne du Rouvray (Seine-Maritime). Un dossier de près de 12 000 pages vient d’être acheminé auprès du Vatican. Cette somme est le résultat d’un travail scrupuleux conduit par un tribunal ecclésiastique. En principe, un procès de béatification n’est pas ouvert avant cinq ans après la mort de l’intéressé(e). Mais cette fois, le pape François a tenu à accélérer la procédure. Cela ne veut pas dire que le père Hamel, dont la mort a ému la France entière, sera béatifié dans les semaines ou les mois qui viennent mais le Saint-Siège devrait se prononcer plus rapidement qu’à l’ordinaire. Les dossiers en phase d’examen sont nombreux à Rome, plusieurs centaines en l’occurrence, et l’expérience montre qu’il n’y a pas de règles pour les délais. Parfois, il faut moins d’un an, parfois, il faut dépasser plusieurs décennies… En tout état de cause, la béatification est la première étape sur la voie de la canonisation.
Des procédures de béatification et canonisation millénaires
L’histoire de ces procédures est tout simplement millénaire, enracinée dès l’émergence des premières communautés chrétiennes. A cette époque, les «saints» sont d’abord et avant tout des martyrs. Leur distinction n’est pas aussi codifiée qu’aujourd’hui : on vénère des reliques, avec l’autorisation des évêques. Les spécialistes rappellent que le premier acte de canonisation – reconnu officiellement comme tel – remonte à 993 : il concerne Udalric, évêque d’Augsbourg, élevé à ce rang par le pape Jean XV. Udalric aurait réalisé plusieurs miracles : les traités religieux indiquent qu’il est invoqué contre les morsures de chiens mais aussi pour guérir du bégaiement.
Le pape Jean-Paul II, champion des canonisations
L’année 1153 est à marquer d’une pierre blanche dans le récit de ces distinctions : Gautier de Pontoise, professeur de philosophie avant d’entrer chez les Bénédictins, est le dernier saint canonisé par un évêque. Ensuite, ce sont les papes qui prennent le relais, le biais d’une institution, la Congrégation des rites, créé par Sixte Quint en 1588. D’une époque à l’autre, l’Eglise se montre plus ou moins généreuse en termes d’élévation de nouveaux saints. Une vingtaine au XVIIème siècle, une trentaine au siècle suivant et 80 au XIXème. Le XXème est encore plus prodigue, ce qui ne signifie pas que les procédures soient plus lâches. En 1969, la Congrégation des rites est dissoute par Paul VI. Son successeur Jean-Paul II, après le court intermède de Jean-Paul Ier, canonisera précisément 482 saints pendant toute la durée de son pontificat, de 1978 à 2005. Un record absolu, si l’on ose dire, qui n’est sans doute pas près d’être égalé.
Frédéric de Monicault