À flots
Faisons un rêve. Oublions un instant la crise. Revenons à une image d'apaisement, de plénitude : la mer, « toujours recommencée » (Paul Valéry). Celle de Colomb n'a rien à voir avec celle qui inspire la peur ou nourrit le merveilleux médiéval. Car, bien avant que le bronzage ne devienne un attribut obligé de la rentrée, ou la plage un lieu de concentration massive, les vagues ont produit leurs chants des sirènes, attirant ou repoussant les hommes selon les siècles. De Fénelon, qui, dans les Aventures de Télémaque, atteint des sommets stylistiques pour décrire une tempête sans savoir de quoi il parle, à Henri de Monfreid ou Ernest Hemingway, qui portent en eux le sac et le ressac.