« Lucrèce Borgia »
Un palais décati, un sol défoncé, des échafaudages montrent que les lieux ont besoin de se refaire, à l'instar des personnages. Avec l'énergie dont elle ne se départira pas, la pièce, inscrite dans la situation politique et les moeurs de l'Italie du XVIe siècle, s'ouvre sur une pendaison. Un cadavre a été jeté dans le Tibre sur ordre de César Borgia, celui de son frère Jean, qui aimait la même femme, leur soeur Lucrèce, magistralement interprétée par Marina Hands (photo). Un enfant aurait disparu... C'est Gennaro, élevé par un pêcheur. On retrouve le jeune homme au carnaval de Venise avec ses amis, les ennemis des Borgia. Arrive Lucrezia, la fille du pape Alexandre VI. « Il dort, il est beau », dit-elle devant Gennaro endormi, qui n'est autre que son fils mais qu'elle n'a jamais vu auparavant. Cette femme fatale, dans la lignée des Borgia, pour qui l'assassinat est un instrument du pouvoir, apparaît pourtant en mère aimante, affichant sa « soif d'être bénie ».